Le mot Sagesse vient du latin sapientia.
Comme bien souvent pour les mots d’origine latine, la langue française a traduit sapientia par sagesse, alors qu’en latin, sagesse n’est que la seconde signification de sapientia, comme l’indiquent les deux dictionnaire de référence “Gaffiot” et “Bornecque et Cauët”.
Dictionnaire Gaffiot :
- Intelligence, jugement, bon sens, prudence,
- Sagesse,
- Science, savoir, Philosophie.
Dictionnaire Bornecque et Cauët :
- Habileté, instruction, science,
- Sagesse, prudence,
- Philosophie.
Pline l’Ancien affirmait que “la philosophie est la science des choses divines et humaines”.
En hébreu, la Sagesse serait Hokhma, troisième Séphira de l’Arbre des Séphirot.
Dans son ouvrage Mystères de la Kabbale, paru en 2003 aux Éditions Assouline, Marc-Alain Ouaknin cite entre autre page 234, le commentaire de Rachi, selon lequel la Hokhma serait “la capacité à être ouvert à la parole de l’autre”. C’est la dimension d’écoute et d’ouverture. Humilité d’un esprit qui accepte encore d’apprendre, refus du dogmatisme.
La Hokhma ouvre au lieu de fermer, interroge au lieu de prouver, exprime une question au lieu de vouloir posséder une réponse. Elle ne s’arrête jamais. Il est impossible de l’immobiliser, elle ne se fixe à rien, pas même à soi… »
Ainsi les latins considéraient la sagesse, avant tout, comme une certaine capacité à être intelligent, habile, prudent, instruit, ouvert à la science, et à l’art de la philosophie.
Ils ont donc prolongé dans leur culture, la sagesse hébraïque parvenue jusqu’à nous, mais ils ont occulté ce qui nous manque le plus aujourd’hui, à savoir :
- La capacité à écouter l’autre, et j’ajouterai à considérer la diversité en une seule chose: La Vie.
- Découvrir que c’est à partir du relatif, que l’on découvre l’unité de la Vie.
- Comprendre que nous formons une unité dans la diversité, au sein de la Vie.
Les facultés de l’âme humaine ont été étouffées par le dogmatisme des siècles, et nous avons perdu la conscience de ce que nous sommes, en nous exploitant les uns les autres.
Dans son ouvrage Les sept jardins mystiques, (Bibliothèque des Amitiés Spirituelles 1951), Sédir explique que …“du Relatif, (notre monde), nous découvrons les divisions innombrables des psychologies, des philosophies, des initiations polythéistes. Sentir, penser, vouloir, agir: c’est pour le Christ, un seul fait. Matières, formes, espèces, essences, substances, éthers, dieux, démiurges, c’est pour le Christ une seule chose: la Vie.”
C’est cette notion d’unité de la Vie que nous avons perdue aujourd’hui.
Elle est en nous, si nous savons être pauvres en esprit, de cette fameuse pauvreté d’esprit, dont il est question dans les Béatitudes (le Sermon sur la Montagne. Matthieu 5.1-11).
Nous vivons comme des prédateurs, des consommateurs à court terme (tout, tout de suite), et nous avons établi des fossés entre nous, et toutes sortes de divisions et de ségrégations.
Nous sommes ainsi rendus aux antipodes de l’esprit de la création.
Non seulement nous nous sommes rejetés les uns les autres, mais nous avons cherché à imposer nos convictions aux uns et aux autres.
Nous avons agi dans la plus grande violence pour nous dominer les uns les autres. Certes, il n’y a rien de commun entre l’homme de la préhistoire et celui de notre siècle. Nous avons tenté d’évoluer moralement, d’établir certains codes de vie.
Mais quand apprendrons-nous à cohabiter réellement? Ce n’est pas “vivre ensemble” (car chacun est, ce qu’il est!), mais c’est comprendre, que vivre les uns avec les autres, c’est apprendre à partager au sens de l’entraide, et pas au sens de l’exploitation de l’autre.
Je devine à travers ces lignes quelques réactions indignées!
J’aime à citer souvent Empédocle d’Agrigente, dans Purifications CXXVI.:
“N’en finirez-vous pas avec ce meurtre au bruit sinistre?
Vous ne voyez donc pas que vous vous dévorez,
Entre vous, dans votre indifférence envers l’esprit?”
Chaque peuple doit être libre de prier ou pas le Créateur du monde, selon son coeur. Nous ne pouvons pas nous juger les uns les autres, nous contraindre les uns les autres, ni empiéter sur la conscience les uns des autres.
C’est une déclaration utopique, (d’autres diront : “déclaration de bonne intention!”), mais c’est justement parce qu’elle est restée une utopie, que les égoïsmes destructeurs ont fait leur œuvre.
Que nous vivions dans l’espace ou sous la mer, que nous fabriquions un homme bio-ionique, que nous sachions un jour découvrir l’énergie perpétuelle gratuite, guérir toutes les maladies, le problème restera toujours le même, et nous resterons éloignés du Centre de la Conscience Universelle.
Le savoir est tellement fragmenté, disséqué, et à la fois instantanément accessible par internet, que chacun peut survoler toute chose. Nous pouvons accroître nos connaissances virtuellement, mais nous nous éloignons aussi du centre de notre propre esprit, dont il est si souvent question dans La Voie du Trait.
Qu’il s’agisse de nourriture pour le corps ou pour l’esprit, toute chose doit être reçue avec la conscience de ce qu’elle représente.
La sagesse est multiple, spirituelle, intellectuelle, méditative, individuelle, collective, mais elle reste la clef incontournable, permettant à l’homme de se gouverner lui-même.
Le sage possède la connaissance de toutes les choses, dans la mesure où cela est possible.
Mais aujourd’hui, nous manquons d’esprit de synthèse, pour transcender notre évolution. Les jeunes générations ont perdu la faculté d’abstraction, essentielle à une approche équilibrée de la connaissance.
Les enseignements traditionnels, tous issus la Loi Universelle, nous ont livrés des trésors de sagesse. Mais hélas, après avoir été sclérosés par le temps, ils ont été vidés de leur substance et ne sont plus à l’ordre du jour de l’éducation.
Il me semble inutile d’énumérer ici une liste de citations sur la sagesse, que chacun peut lire à souhait sur internet.
J’en ai choisi deux:
Nul savoir, si étendu qu’il soit, ne permet d’atteindre à la plénitude de la sagesse, sans la connaissance de soi-même.
Quand on renonce à aimer pour choisir ce que l’on croit être la sagesse, quand on oublie que la vie est un acte d’amour, un jour vient où l’on découvre que l’on a perdu.