“L’évolution, c’est la main de D.ieu, qui nous ramène à Lui.” Pierre Teilhard de Chardin. Science et Christ, page 280. Éditions du Seuil physiquement ET1965.
Dans son ouvrage “Le cycle de l’humanité Adamique”, Jean Phaure expose magistralement la chronologie des temps que nous vivons, et comment l’homme a franchi les millénaires et les siècles de l’évolution, jusqu’à notre époque.
Bernard de Clairvaux (1090-1153) demandait à ses moines, d’être “joyeux”, quelles que soient les circonstances. Être joyeux de servir le Maître du Monde, de vivre, de participer à la création, d’être au service d’autrui. Mais comment être joyeux aujourd’hui, dans la période que nous traversons?
Nous avons été, ou nous sommes encore confinés totalement ou partiellement, selon les régions du monde, pour cause de Covid19, ce qui signifie que nous restons en partie, isolés du monde extérieur, pour des “précautions sanitaires,” (comme ce fut le cas pour la grippe espagnole en 1918 dans certains pays). Mais finalement, ne sommes-nous pas de toutes façons, confinés en permanence dans notre vie, dans notre mode de vie, dans nos logements, nos bureaux, nos ateliers, nos écrans, nos cellulaires, nos voitures, nos loisirs, nos habitudes. Nous sommes ainsi, déjà enfermés physiquement ET mentalement, en croyant pourtant être libres.
Mais nous ne voyons pas les choses de cette manière, car nous sommes submergés par la brume de notre vie quotidienne, qui nous rend hermétiques, à tout ce qui n’est pas nous! Ce qui nous déstabilise le plus aujourd’hui, c’est finalement la rupture de nos habitudes, l’impossibilité de nous déplacer librement, et peut-être aussi le fait de nous retrouver face à nous-même, individuellement et collectivement.
Questions :
- Pourquoi 26 personnes de cette planète possèdent-elles autant d’argent que la moitié de l’humanité?
- Pourquoi entre 800 et 900 millions d’habitants de la terre souffrent-ils de la faim?
- Pourquoi 2 milliards de personnes dans le monde n’ont-elles pas accès à l’eau potable, et à l’assainissement?
- Pourquoi d’après l’ONU et selon la tendance actuelle, 5 milliards de personnes n’auraient pas accès aux soins en 2030?
- Et bien d’autres questions encore.
Réponses :
- C’est le résultat d’une évolution relativement positive, de l’économie mondiale depuis 75 ans, mais dont certains effets sont devenus pervers, pour de multiples raisons. (excès de bureaucratie, fiscalité inadaptée, réglementations trop lourdes, concurrence exacerbée, consumérisme outrancier, esprit de domination, égoïsmes, etc)
- La libre entreprise du capitalisme libéral (qui est une excellente chose), est devenue la liberté de laisser faire n’importe quoi, pourvu que la stratégie mise en place, maximise les résultats, au détriment de l’homme, de l’investissement durable, au détriment de la vie sur notre planète.
- Cette réflexion n’est pas un jugement de valeur, ce n’est pas une leçon de morale, c’est la constatation de faits mesurables et quantifiables. L’économie soit-disant libérale, actuelle, tombée dans une financiarisation outrancière, est pourtant plus que jamais contrôlée et administrée!
- Pourquoi vouloir mettre de la morale dans l’économie? Au nom de quoi?
C’est la confrontation entre le pouvoir, la liberté, les idéologies et la morale, qui finit par rendre les systèmes politiques et économiques, inopérants. La structure actuelle de l’économie, confrontée à l’interventionnisme étatique, la liberté d’entreprendre, les méthodes de gouvernance, les flux des échanges commerciaux, les flux des marchés financiers, les flux de population, nécessitent des adaptations rapides, en permanence. Ces adaptations nécessaires aboutissent à des tendances parfois euphoriques, et parfois dépressives, ce qui engendre des déséquilibres destructeurs.
Existe-t-il des variables d’ajustements? Les gouvernements, les économistes y réfléchissent selon leurs orientations politiques. C’est bien LA difficulté, car nous devons apprendre à penser différemment, en dehors des idéologies, et surtout apprendre à agir selon les véritables besoins et les* nécessités du moment! Encore faut-il en avoir la volonté, la capacité et le courage.
Quelques-uns parmi vous trouveront curieux de lire ces réflexions dans La Voie du Trait, site présenté plutôt comme lieu de réflexion philosophique et spirituelle. Mais c’est toute la raison d’être de La Voie du Trait, et le sens profond de cet article. Les variables d’ajustement évoquées précédemment, ne sont pas nécessairement techniques, mais comportementales!
- il ne peut y avoir aucune séparation entre la vie intérieure et le monde extérieur, c’est-à-dire entre ma conscience et mes actions.
- C’est précisément lorsque l’homme placera son action, au cœur de sa conscience, que le monde respirera plus d’harmonie et de bonheur.
- C’est lorsque le mensonge et la duperie disparaîtront, que nous changerons de dimension individuelle et collective.
- Nous devons réapprendre à penser par nous-même, nous poser les bonnes questions, sortir des tendances du moment, (qui disparaissent aussi vite qu’elles apparaissent), agir selon notre intuition spirituelle, et non plus comme des automates.
Rabbi Hillel, Talmud de Babylone, traité Shabbat 31a, répond à un homme qui lui demande de lui expliquer le sens de la Torah, le temps de rester debout sur un pied: “Ce que tu ne voudrais pas que l’on te fît, ne l’inflige pas à autrui. C’est là toute la Torah, le reste n’est que commentaire. Maintenant, va et étudie. ” C’est ce même enseignement, que l’on trouve dans le livre de Tobie (4:15). “Ne fais à personne ce que tu n’aimerais pas subir”. Or notre monde d’aujourd’hui est l’antithèse de l’enseignement qui précède. Nous passons notre temps, à faire aux autres ce que nous n’aimerions pas que l’on nous fît!
Avec quel Esprit nouveau, pourrions-nous poser les bases d’une reconquête de l’humanité par elle-même, et mettre de l’harmonie dans notre monde? Des associations philosophiques, religieuses, des Think Tank, des économistes, des universitaires, des femmes et des hommes politiques, et une multitude d’anonymes (beaucoup plus qu’on imagine), sont engagées dans cette réflexion. Beaucoup de voix s’élèvent contre l’esprit du moment, cette sorte de brume doctrinale, subtilement répandue dans nos esprits à chaque époque, pour nous faire penser et agir en fonctions de quelques intérêts, qualifiés de “supérieurs”!
Mais lorsque par le passé, ces voix en question, ont osé s’élever contre “l’ordre établie”, elle furent étoufées, ou leur message fut détourné, ou mieux encore elles furent réduites au silences!
Par exemple, Bernard de Clairvaux, enseignait (déjà!) au Moyen-Âge :
“L’argent doit être mis en service”. (On croit rêver, 900 ans d’avance sur son temps!). L’argent doit circuler pour créer, entreprendre, participer à l’amélioration du sort de l’humanité. (Ce qui nous ramène aux trois questions posées précédemment dans la première page de cet article!) Entrepreneur dans l’âme, parmi ses multiples talents divinement inspirés, deux ans avant sa mort en 1153, il avait recouvert l’Europe de plus de 500 abbayes cisterciennes! Où et comment avait-il trouvé les fonds nécessaires à l’accomplissement de cette œuvre immense? Il n’a rien thésaurisé, et pourtant son œuvre rayonne encore.
Aujourd’hui, nous atteignons des sommets d’absurdité, dans le développement de l’économie. Naturellement, il y a les injustices, les inégalités etc, mais c’est encore en-deçà de l’absurdité, qui marque la bêtise absolue de nos agissements. L’argent est une nécessité, un moyen, un excellent concept. Mais ce que nous en avons fait, est catastrophique. Inutile d’aller consulter les experts, les milliers de vidéos You Tube, pour comprendre la situation. La vie est ainsi faite que nous faisons des choix, et qu’il faut ensuite les assumer. C’est aussi simple que cela.
Pouvons-nous encore seulement nous poser ces questions :
- Quel monde voulons-nous aujourd’hui?
- Quel monde sommes-nous prêts à accepter?
- Quel monde pouvons-nous espérer?
Allons-nous un jour réussir à nous rassembler, non point, pour réfléchir aux arcanes de la prochaine guerre, mais plutôt à ce qui pourrait être bon:
- pour l’humanité,
- pour les enfants,
- pour les personnes âgées,
- pour notre planète,
- Pour la Vie,
- Pour le Créateur du Monde.
Interconnecter le monde par les technologies du moment, c’est extraordinaire, mais ne pourrions-nous pas aussi reconnecter nos consciences à la vie, à l’air que nous respirons, à l’eau que nous buvons, qui nous permettent d’exister, et qui sont tellement pollués. (Quel symbole!)
La conscience de soi!… Les prises de conscience, tout cela se bâtit, tout cela doit germer dans le cœur de l’homme, et c’est ce que nous avons systématiquement détruit au fil du temps, au profit d’un consumérisme aveuglant et assourdissant. (À tel point que si nous ne consommons plus selon les incitations, dont nous sommes abreuvés, l’économie s’effondre!)
C’est le sens profond de la véritable Éducation, que tous les précepteurs de l’humanité, ont puisé aux sources de la Sagesse primordiale. Mais cette éducation, a été dogmatisée, sclérosée, “confinée(!)”, dans des limites qui ont étouffée les esprits les plus éclairés, épris de liberté, et de la quête de ce que l’homme a de plus précieux :
- la redécouverte du lien, qui unit le monde d’en Haut avec le monde d’en-bas. (Notre Père, qui est aux Cieux, Que ta volonté soit faite sur la terre comme au Ciel!…)
Au-delà des religions, ce lien est une évidence, une force intérieure puissante, une pré-science intuitive de la vie. Nombre d’entre nous éprouvent cette réalité intérieure, mais n’osent pas l’exprimer extérieurement par crainte du ridicule …mais aussi simplement par peur. Aujourd’hui, l’éducation n’est plus orientée vers la Connaissance, elle sert seulement à formater les individus selon les besoins de l’économie…
L’humanité réalise des performances scientifiques, tellement extraordinaires. Ne pourrions-nous pas aider ceux, qui tombent, en cours de route, et ne pourrions-nous pas ouvrir réellement nos cœurs et nos esprits, à la misère qui nous entoure!
Les attentes messianiques aussi diverses soient-elles, appellent une ère nouvelle, un esprit nouveau, une nouvelle Loi de vie, proposée aux hommes? L’Évangile du Paraclet dont parle Jean l’Évangéliste? La nouvelle Torah dont parlent les Maîtres d’Israël?
Tout nous est prêté ici-bas, et un jour il nous faut tout rendre! En 1999 s’est tenu un colloque organisé par l’Association Vers la Tradition, intitulé: “Fin du deuxième Millénaire du Cycle Chrétien, et fin de l’âge sombre”. Des personnalités chrétiennes, juives, musulmanes, bouddhistes, maçonniques, analysaient les temps à venir à travers leur cheminement spirituel, et constituaient un recueil de méditations et de réflexions, dont la lecture en 2020, est d’une actualité étonnante, juste 20 ans après cette publication.
Rester optimiste est une clef incontournable pour réussir et “vivre” intensément, notre vie.
C’est pourquoi nous devons espérer, agir avec force et enthousiasme pour parvenir à poser les bases d’un monde dans lequel la Lumière déposée en nous par le Créateur du monde, puisse resplendir enfin, au-delà du fameux verset :
“La lumière luit dans les ténèbres, les ténèbres ne peuvent L’atteindre,” L’Évangile de Jean I-5, page 35. Jean-Yves Leloup. Paru chez Albin Michel en Mars 1994. C’est cette Lumière dont nous avons besoin aujourd’hui pour mener à bien nos actions, pour éclairer notre monde, nos esprits, nos pays, ceux qui les gouvernent. Et cette Lumière, nous devons la reconnaître d’abord en nous. Elle est partout, autour de nous, et nous ne La voyons pas
Prendre conscience aujourd’hui, agir, avoir confiance pour demain!