Dans notre monde il y a quatre principales sortes de lois :
1 La Loi Universelle, que le Maître du Monde a formulée, et par laquelle le monde existe. De cette loi, découlent les lois dites “naturelles”, que la science étudie, dans toutes les disciplines de recherche.
2 La loi des hommes, provenant essentiellement des 7 lois noahides (reçues par Noé, Livre de la Genèse), impliquant les commandements :
- Établir des tribunaux,
- Interdiction de blasphémer,
- Interdiction d’idolâtrie,
- Interdiction d’unions illicites,
- Interdiction d’assassiner,
- Interdiction de voler,
- Interdiction de manger la chair arrachée à un animal vivant.
Dans les Actes des Apôtres (Actes. 15, 20.29; 21, 25), Luc confirme que “les convertis à la foi en Jésus-Christ”, doivent respecter les lois noahides 3, 4, 5 et 6.
Concernant les deux premières lois, elles se trouveraient reprises par Paul, dans la Première épître aux Corinthiens (I Co. 5,1./ I Co.6, 1-10./ I Co. 8,1 suivants).
Les lois noahides sont les premières lois sociétales de base de notre civilisation, enrichies par les doctrines religieuses, les philosophies, les codifications morales des peuples, qui se sont succédés, dans les différentes époques de notre cycle actuel, de la Haute Antiquité à nos jours.
3 La loi individuelle, à partir de laquelle, chaque personne forge sa propre vie. Cette loi individuelle lui permet de définir son éthique, son comportement, sa manière de vivre. Elle façonne la personnalité, l’opinion et les comportements de chacun, au sein de la société. Elle offre ensuite deux options: soit nous contenter de répliquer, en quelque sorte, ce que nous avons appris dans cette vie, ou bien dépasser nos acquis, grandir et devenir ce que nous sommes, intimement, réellement!
4 La loi de l’instinct de survie. Elle n’est pas seulement matérielle. Elle constitue également le recours ultime de l’âme, engageant un combat, lorsque les ténèbres deviennent trop envahissantes. Je fais entre autre référence à ce sujet, à l’un des derniers écrits de Jacob Böhme (rédigé en 1624), intitulé: “Entretien d’une âme illuminée, avec une âme qui n’a pas encore reçu la lumière divine.”
LA LOI UNIVERSELLE:
Au sujet de la Loi Universelle, Bernard de Clairvaux expliquait:
“L’amour est la loi éternelle qui a créé l’univers, qui le gouverne, et le règle par sa sagesse. Et rien n’est sans loi, pas même cette loi suprême dont je parle, qui tout incréée qu’elle est, reçoit pourtant sa loi d’elle-même.” Histoire de Bernard de Clairvaux et de son siècle. R.P Théodore Ratisbonne. Tome I pages 166-167, extrait de la Lettre adressée aux religieux de la Grande Chartreuse en 1122. Neuvième Édition, 1883. S.G.L.C. Paris.
Par cette Loi Universelle, cette Loi d’amour dont parle Bernard de Clairvaux, nous sommes conscients d’exister, de vivre! Cette Loi gouverne l’univers, et toutes les lois dérivées qui en découlent, telles qu’évoquées précédemment, mais aussi et surtout, les 7 grandes lois énumérées dans la Voie du Trait page 106.
Ces 7 grandes lois sont elles-mêmes la Cause initiale (la grande loi de causalité), de tous les effets, (causes/effets), que sont la géométrie, les mathématiques, la physique, la chimie, les théories mécaniques, quantiques et toute la technologie. Les mathématiques sont d’ailleurs le langage universel, le code de la création, qui faisait affirmer par Pythagore: “Tout est arrangé d’après le nombre.”
Pourquoi alors Bernard de Clairvaux considère-t-il l’amour comme loi éternelle de création de l’univers? De quel amour s’agit-il?
Cette immense question peut difficilement se résumer en une phrase, fût-ce la grande citation biblique : “Aime ton prochain comme toi-même”. Elle implique en effet une définition de l’amour, dans le cadre de la création, cherchant à expliquer et si possible à comprendre, en quoi la création de l’univers est un acte d’amour, considérant le spectacle contrasté de notre “petit monde terrestre”, au sein de l’incommensurable immensité cosmique.
Ici, repose le mystère de la Lumière et de l’ombre:
- La nuit c’est l’absence de soleil, il fait sombre, mais ce n’est pas de l’ombre.
- l’ombre apparaît lorsqu’une lumière est projetée sur une surface, et qu’une personne, ou un objet, sont interposés. Mais l’ombre véritable dans notre monde, ne serait-ce pas l’absence de lumière en nous?
Dans notre conduite de la vie, soit nous cherchons la lumière, soit nous regardons seulement l’ombre projetée!
Soit nous nous attachons à l’image initiale, par laquelle nous existons (“Dieu créa l’homme à son image; c’est à image de Dieu qu’Il le créa” Genèse I-27.), soit nous nous attachons aux reflets de cette image, et à son ombre. Notre image initiale, c’est notre lumière intérieure.
Le reflet projeté par cette lumière intérieure, c’est notre part d’ombre, en partie nécessaire à notre vie en ce monde, selon notre degré de conscience. (Verticalité/horizontalité).
C’est le Ying et le Yang, que nous portons en nous. C’est le symbole profond de l’expression: lever les yeux vers le Ciel, mais être enraciné dans la terre.
Évidemment un tel langage paraît aujourd’hui hermétique, certains diront, coupé de la réalité d’un monde détraqué. L’urgence ne serait pas à philosopher, ou à prôner une utopie passéiste, mais à s’interroger sur le sens de la détresse humaine, qui envahit notre civilisation, presque d’une manière inversement proportionnelle au progrès technologique, que nous développons.
“Malgré un certain ordre apparent, en fait nous assistons à une lente décomposition, à une destruction: la vague de destruction chevauche constamment la vague de vie.” Jiddu Krishnamurti. La Première et dernière liberté. Page 376, dans l’Édition publiée chez Stock en 1997.
C’est précisément cette divergence, sans cesse croissante, entre l’apparence et la réalité, véritable divorce cosmologique, qui a enclenché le processus, de perte du sens de la vie en général, et du sens que nous donnons à notre vie. (“La vague de destruction chevauche constamment la vague de vie.”)
Pour illustrer mon propos, je vais citer une fois encore des extraits de l’ouvrage de Jiddu Krishnamurti, La première et dernière liberté, pages 243, 244 et 245.
“Si nous n’avions pas de croyances, mais de la bienveillance, de l’amour et de la considération les uns pour les autres, il n’y aurait pas de guerres.
…La crise est exceptionnelle, et nous, en tant qu’êtres humains, devons voir les causes de la guerre, et leur tourner le dos, sous peine de continuer dans la voie de conflits perpétuels et des guerres successives, qui sont le résultat de nos actions quotidiennes.
…Nous pouvons parler de paix, organiser des conférences, nous asseoir autour de tables et discuter; mais intérieurement, psychologiquement, nous sommes assoiffées de pouvoir, nous sommes mus par l’avidité….
…La paix n’est pas un idéal. Pour moi, un idéal n’est qu’une évasion, une négation de ce qui est, une façon de l’éviter. Un idéal nous empêche d’agir directement sur ce qui est.
Pour instaurer la paix, il nous faudrait nous aimer les uns les autres, il nous faudrait commencer par ne pas vivre “une vie idéale”, mais par voir les choses telles qu’elles sont et agir sur elles, les transformer. Tant que chacun de nous est à la recherche d’une sécurité psychologique, la sécurité physiologique dont nous avons besoin -nourriture, vêtements, logement-, est détruite…
…Pour instaurer la paix dans le monde, pour mettre fin à toutes les guerres, il nous faut une révolution dans l’individu, en vous et moi. Une révolution économique sans révolution intérieure n’aurait pas de sens, car la faim est la conséquence d’une perturbation économique causée par nos états psychologiques, l’avidité, l’envie, la volonté de nuire, le sens possessif.
…Aucun chef politique ne nous donnera la paix, aucun gouvernement, aucune armée, aucun pays. Ce qui nous apportera la paix; ce sera une transformation intérieure, qui conduira à une action extérieure.
…Pour mettre fin à la guerre extérieure, vous devez commencer par mettre fin à la guerre en vous-même…”
Tout le propos de Krishnamurti est un appel vibrant à l’âme humaine, loin de nos hypocrisies, et de nos mensonges. Imaginez que son ouvrage date de 1955, pour voir à quel point il est d’une lumineuse actualité.
Voilà donc deux hommes, à 900 ans de distance, Bernard de Clairvaux et Jiddu Krishnamurti, parmi d’autres, qui parlent tous les deux d’amour: l’amour, loi éternelle de la création, et l’amour des uns pour les autres, tel que la Bible l’enseigne, les Évangiles, et tant de Maîtres spirituels.
Ce sont deux plans très différents de la notion d’amour, mais c’est le principe que nous devons retenir, selon le degré d’interprétation de l’un (Bernard de Clairvaux) et de l’autre (Jiddu Krishnamurti).
LA LOI DES HOMMES:
D’origine noahides, faut-il le rappeler, elle est donc inspirée de la Loi Universelle, dont Noé fut le dépositaire pour notre cycle adamique actuel. Enfermées dans un dogmatisme religieux, les lois noahides perdirent peu à peu, l’Essence de leur origine. Elles furent cléricalisées par le césarisme, puis figées dans une jurisprudence dogmatique et autoritaire. Les empires, les civilisations s’écroulèrent sous le poids de cette loi des hommes, parfois trop centralisatrice (L’Empire romain!), parfois trop polémique, trop doctrinale, (Notre époque). Coupée de la réalité quotidienne des citoyens, et des besoins élémentaires de vie et d’harmonie, dont nous avons tous besoin, pour œuvrer positivement en ce monde, la loi des hommes est devenue répressive, dictatoriale, et dans bien des cas, injuste, voire contre nature!
Aujourd’hui les trois pouvoirs qui gouvernent les peuples (Exécutif, législatif et judiciaire), sont complètement éloignées des besoins et des nécessités du moment.
- La recherche de ce qui est vrai, bon et juste, est passée aux oubliettes de l’histoire,
- La destruction de l’éducation,
- L’étouffement progressif des esprits,
Tous ces phénomènes réunis, marquent la fin d’un temps, d’une époque, dans laquelle l’impossible dialogue entre les hommes, nous a conduit à l’intransigeance, à la pensée unique et au fanatisme. La discussion est hélas close, circulez, il n’y a rien à voir!
LA LOI INDIVIDUELLE
L’homme se cherche une place entre la Loi Universelle (dont nous connaissons en général peu de chose!), et la loi des hommes, qui régit nos vies. En nous forgeant notre propre loi de vie, nous imitons le Créateur.
Nous fabriquons ainsi, une image de nous-même, dont nous devenons bien souvent les idolâtres. Cette image de nous-même, c’est le costume du rôle, que nous jouons dans le théâtre du monde.
Or, nous sommes un jour ou l’autre, confrontés à un choix entre :
- vivre selon la Loi Universelle du Maître du monde, en harmonie avec la loi des hommes,
- ou bien ignorer la Loi Universelle et vivre selon l’esprit du temps,
- ou encore suivre le sens du vent, selon d’où il souffle!
Mais tout le monde ne se pose même pas ces questions, et à ce propos, Louis Claude de Saint Martin affirmait avec sagesse: “Celui qui est sans Dieu n’est pas celui qui y croit le moins!”
C’est pourquoi les enseignants de toutes les écoles de l’esprit, ont toujours fait référence à l’humilité, à la loyauté intérieure, qui ouvre la porte de la conscience. Là, commence cette quête mystérieuse du message de la vie, du code de la vie, ce lien indéfectible, qui nous unit à la Source. C’est un des aspects du sens profond des paraboles évangéliques. Si nous étions capables de comprendre, d’accepter et vivre l’Enseignement de Jésus, hors de tout dogme, le monde serait transfiguré!
À propos de la loi individuelle, Bernard de Clairvaux explique :
“Or ce joug est pesant, insupportable; car c’est un effet de la loi divine que tout homme, qui refuse de s’y soumettre, devient son propre tyran. Quiconque secoue le joug de l’amour de Dieu, tombe nécessairement sous le poids accablant de l’amour de soi-même.” 1122. Lettre aux religieux de la Grande Chartreuse.
Que dire de plus devant ce propos éclatant de vérité, (si nous voulions bien nous regarder vivre!), cette vérité que l’histoire a méticuleusement détruite, étouffée, effacée et enfin condamnée, au nom d’une liberté, qui n’est qu’une parodie de liberté. Il faut malheureusement constater que les mensonges des uns, face aux abus des autres, n’ont guère permis de séparer le bon grain de l’ivraie. Et pourtant, la lumière brille sous le boisseau!
LA LOI DE L’INSTINCT DE SURVIE:
Actuellement d’immenses questionnements jaillissent dans “l’esprit du temps”, en cette fin d’année 2020. Le monde semble agité par les convulsions les plus imprévisibles. Le réel et le virtuel sont mêlés, dans l’illusion que l’un et l’autre ne font qu’un!
La science décuple ses progrès, avec des applications et des perspectives dignes des fictions les plus audacieuses des années cinquante. Les influenceurs d’opinion, les groupes de pression façonnent notre pensée, au-delà de tout ce qu’on peut imaginer.
Lorsque nous évoquons l’instinct de survie, nous pensons d’abord à des situations de grave danger, dans lesquelles nous allons devoir faire preuve d’imagination, et laisser parler “notre instinct”…de survie, pour nous sauver.
Mais cet instinct de survie concerne également l’âme et l’esprit. Cet instinct de survie peut être individuel, mais aussi collectif. Des peuples peuvent réveiller leur instinct de survie sur les trois plans collectifs; corps, âme et esprit !
C’est alors que se mettent en marche les pèlerins de la Vie, vers l’horizontalité de leur destin, portés par la verticalité retrouvée, qui jaillit de leur cœur blessé, vers la Source céleste de leur origine. “Plus fort que le glaive est mon esprit.” (Zacharie 4 :6).
La certitude intérieure de leur cheminement, que rien ne peut arrêter, les conduit tels le Psaume 91, dans les verts pâturages et les eaux paisibles, de la Vérité.
Dans de telles circonstances, la Loi de survie et la Loi Universelle sont unies par l’amour réciproque de l’une et de l’autre. Pourquoi?
- Parce que l’instinct de survie, transcende l’appel profond de la Vie, celle qui nous fut donnée par amour. (“L’amour est la Loi éternelle qui a créé l’Univers, qui le gouverne, et le règle par sa sagesse.” Bernard de Clairvaux).
En ce temps là…, sera proclamée la cinquième Loi du monde, la LOI DE VÉRITÉ, celle de la délivrance finale de l’humanité. Fin du grand mensonge!
“Dehors les chiens, les sorciers, les fornicateurs, les meurtriers, les idolâtres, et quiconque aime et pratique le mensonge!” Apocalypse de Jean. 22.15.
MAIS pour conclure ces quelques lignes, je voudrais évoquer cette réflexion paradoxale en rapport à ce qui précède: “celui qui attend une délivrance est en état de servitude”.
Alors Ramana Maharshi dit ceci: “Servitude et délivrance sont les deux chemins de vie, de celui qui ignore la Loi.” (la Loi universelle qui régit toute chose!)
Pourquoi? Parce que lorsque nous vivons dans la Loi Universelle, qui régit toute chose, nous entrons dans la dimension libératrice de l’enseignement du Christ, venu accomplir cette Loi!
“Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir”. St Matthieu 5:17