Nous vivons dans deux mondes, un monde intérieur et un monde extérieur. Notre perception et notre interprétation, de ce que nous recevons de ces deux mondes, façonnent nos conceptions. Nous forgeons ainsi notre personnalité, notre caractère, notre comportement.
C’est pourquoi l’éducation de nos parents, de nos enseignants, le milieu social dans lequel nous évoluons, constituent la base de ce que nous devenons. Fort heureusement, ce que nous sommes, dépend aussi de la qualité d’âme, que nous exprimons dans notre vie présente. L’expérience de la vie nous apprend ensuite, à faire évoluer nos conceptions, à les ajuster, ce qui transforme positivement ou négativement, notre personnalité et notre intelligence.
Mais où est la vérité, ce qui est Vrai, dans ce flux incessant (intérieur et extérieur), qui nous submerge en permanence, et à travers lequel, nous cherchons à distinguer ce qui est vrai ou faux? Par rapport à quels critères? Antique débat de la dualité du monde, trésors de réflexions philosophiques, que chacun peut retrouver dans la lecture des grands classiques, ou dans de multiples conférences sur You tube!
Au-delà des deux aspects précités, éducation et expérience, n’existe-t-il pas une troisième voie, qui appartient à notre monde intérieur? Serait-ce la voie de la conscience, dont les grands penseurs de la Tradition, ont affirmé qu’elle ne se trompe jamais, à condition de libérer, le canal de son expression!
Chaque être humain porte en lui un degré de conscience, qui diffère selon ces trois éléments, (éducation, expérience, qualité d’âme), le plus important étant sa qualité d’âme, acquise dans ses différentes incarnations.
“Nos oreilles, habituées dès nos premières années à entendre leurs récits mensongers, et nos esprits imbus de ces préjugés depuis des siècles, conservent comme un dépôt précieux ces suppositions fabuleuses…, en sorte de faire apparaître la Vérité comme extravagance, et donner à des récits adultérés la tournure de la vérité”. Sanchoniathon de Béryte (-2000 ans avant J.C.). Sanchoniathon se traduit en grec par Philalèthes: “L’Ami de la Vérité.”
“Que votre parole soit oui, oui, non, non, ce qu’on y ajoute vient du malin.” Évangile de Matthieu 5-37
“Je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien.” Socrate.
“Jurez-vous de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité? Levez la main droite et dites: je le jure!”
“Lorsque tu accomplis un travail, fais comme si tu agissais pour Dieu. Réfléchis! Si tu étais face au Créateur du monde, agirais-tu ainsi?”
“Si la vérité vous offense, la fable au moins peut se souffrir.” Jean de La Fontaine
La vérité est juste, exacte, indubitable, irréfutable, lumineuse, intemporelle, elle nous explose en plein visage, même si nous fermons les yeux. Si nous refusons de la regarder en face, nous savons très bien qu’elle est toujours là, et que ne pouvons pas la rejeter.
Mais ô combien de vérités nous interpellent!
- Vérité relative/vérité absolue,
- Vérité conventionnelle/vérité ultime (l’enseignement sur les deux vérités du Bouddha),
- Vérité du monde intérieur/vérité du monde extérieur,
- Vérité universelle,
- Vérité scientifique,
- Vérité philosophique,
- Vérité politique,
- Vérité judiciaire, etc
Platon considère que la vérité n’est pas innée mais qu’elle doit s’acquérir. Alors, la vérité devient un dévoilement.
Vérité et connaissance. Est-ce que la connaissance mène à la vérité, à ce qui est Vrai? Apprendre à réfléchir, étudier, chercher, écouter, éprouver l’expérience intérieure, méditer,…faire silence. Où est notre esprit dans le silence de la méditation? Est-ce un silence de vacuité ? Est-ce un silence habité? (Celui de l’initiation intérieure). Que cherchons-nous lorsque nous sommes devant des choix cruciaux. Que dois-je faire? Où est la vérité ici et maintenant?
Si la contrevérité peut avoir pour origine une erreur, le mensonge est un acte délibéré de tromperie. C’est pour cette raison que nous avons inventé l’inénarrable formule du “mensonge par omission”!
Il y a des vérités qui dérangent, et des mensonges, qui rassurent! Il y a des vérités que l’on croit, et qui sont des mensonges! Souvenons-nous de la chanson de Guy Béart: “La Vérité”, dont je vous invite à relire les paroles…“Le premier qui dit la vérité, il sera exécuté”…
Toute personne libre, a la capacité de laisser s’exprimer en elle, “la réflexion de l’âme”, cette fameuse petite voix, qui nous dit intérieurement, infailliblement, ce qui est, et ce qui n’est pas. Pourquoi infailliblement? Comment est-ce possible?
- Parce que nous sommes reliés en permanence à la Source d’où nous nous venons, et cette Source au cœur de la Conscience Universelle: Elle SAIT!
Certains la confondent avec l’intuition, d’autres parlent de voix intérieure, peu importe. Cette intuition, cette voix intérieure, nous en avons tous fait l’expérience, par moments. Nous pouvons apprendre à la reconnaître! (Surtout dans un monde où tout est fait pour nous en éloigner). Cela n’a rien à voir avec les pensées, qui nous assaillent à longueur de journée!
Naturellement ce n’est pas sur une tablette électronique ou un téléphone cellulaire, que les enfants (ni les adultes non plus!), apprendront à penser par eux-mêmes, et à écouter ce silence, que seule l’âme peut entendre!
“Le silence est un ami qui ne trahit jamais.” Confucius.
Le monde de l’économie a façonné les enseignements scolaires, universitaires, les grandes écoles, en fonction des besoins du marché du travail. L’éducation n’a plus pour but, depuis bien longtemps, de faire évoluer l’être humain, mais plutôt de nourrir un système…Déjà dans la Grèce Antique, les enfants appartenaient à l’État et non plus aux familles. (Même si Athènes montra plus de souplesse en la matière sous l’impulsion de Solon).
Ainsi l’éducation des âmes, fut toujours sacrifiée à la grandeur du collectif, (Même si le collectif apporte une structure d’apprentissage à l’individu, c’est toujours de l’individu que sort le génie de la sciences/connaissance). Et c’est ainsi que les potentats de diverses origines accomplirent leur œuvre d’asservissement des foules… Des prix Nobel d’Économie ont déjà magistralement exposé ce sujet douloureux. Pourquoi douloureux ?
- Parce nos enfants lobotomisés, voués à l’identité numérique, ont perdu leur autonomie, leur faculté d’abstraction, et leur capacité à agir par leur réflexion propre.
- Parce que depuis des millénaires nous sommes entretenus dans un mensonge, dans un monde d’illusion, (Platon et le fameux mythe de la Caverne).
L’Essentiel et l’Existentiel de l’être humain évoluent désormais en sens contraire. Évidemment, ce n’est pas dans l’air du temps d’aborder ce sujet, avec les développements scientifiques actuels les plus inattendus (le mot est faible), tendant à transformer notre présence sur terre…et notre raison d’être. Quoiqu’il en soit, tout individu conserve toujours en lui, le secret, que Le Créateur y a déposé…
Mais quel est ce secret? Il est l’Esprit de Vérité, cette Chose subtile, discrète, qui nous habite en permanence, de toute éternité, mais que nous écoutons bien peu, par peur de sortir de notre zone de confort…
Par l’esprit nous pensons, par l’âme nous respirons, par le corps nous absorbons la nourriture, dont nous avons besoin. C’est le cycle humain de transformation de l’énergie, dans l’univers. C’est lui, cet Esprit de Vérité, qui peut nourrir la part de Lumière, que nous portons en nous, selon le témoignage de notre vie, et selon notre engagement quotidien.
“…Ayez à vos reins la vérité pour ceinture” Paul de Tarse, Éphésiens 6:14-18.
La vérité devient alors source d’harmonie entre le monde intérieur et le monde extérieur, entre le monde d’En-Haut et le monde d’en-bas, entre Le Créateur et sa créature, entre l’humain et la société dans laquelle nous vivons.
Le règne de la Vérité s’ouvrira le jour, où nous aurons retrouvé l’origine de ce que nous sommes sur notre planète bleue, sur ce que nous sommes les uns par rapport aux autres, et par rapport à l’univers.
Ce sera le règne de l’unité (et non pas de l’uniformité). Ce jour-là, chacun comprendra ce qu’il fait en ce monde, et nous nous reconnaîtrons tous, co-responsables les uns envers les autres. Ce jour-là nous aurons cessé d’être des âmes numérisées, et nous serons redevenus des âmes vivantes!
Maintenant, si vous désirez approcher un des aspects de la Vérité, je vous invite à méditer sur le texte du Sermon sur la Montagne, Matthieu 5.2-12. Rien de nouveau, me direz-vous, il en existe des dizaines d’interprétations. Alors évitons les exégèses, tous les commentaires, faisons notre propre lecture. Usons de notre propre esprit, écoutons…“notre compréhension”, celle qui vous conduit au cœur de notre être.
Dans la même disposition d’esprit que le Sermon sur la Montagne, nous pouvons également redécouvrir par exemple, le Livre de l’Ecclésiaste, débordant de trésors de Sagesse,…et de Vérité!
J’achève ici ces lignes bien simples, sur ce sujet illimité. Personne ne détient La Vérité, (affirmer cela, c’est enfoncer une porte ouverte), mais nous devons réaliser avec force…et douceur, que nous détenons tous une parcelle de vérité!
Et paradoxalement, cette Vérité, que personne ne détient, et dont nous détenons seulement une parcelle, est pourtant secrètement présente en nous, en totalité!
Quel est ce mystère? Nous avons des oreilles mais nous n’entendons pas, et des yeux, mais nous ne voyons pas, et la plupart du temps (ce qui est plus grave), nous ne voulons pas voir!
Lorsque Jésus s’exprime dans les Évangiles, à de multiples reprise sous la forme:
“En Vérité je vous le dis…”, nous devons comprendre: Au Nom de La Vérité, je vous le dis, au Nom de la Vérité Une et Universelle, au Nom de la Vérité transcendante…
Au-delà des traductions, (Évangile de Jean écrit en grec), des exégèses, des expressions de langage de la Torah au temps de Jésus, il me semble que nous sommes face à une formulation sans équivoque.
Elle laisse entrevoir à nos pauvres esprits, ce qu’est La Vérité en ce monde et dans l’autre, Lumière absolue, dont la parcelle qui brille en nous, doit grandir, croître, afin de nous régénérer, de nous libérer, ainsi que notre monde, du mensonge et de l’illusion.
“Pilate lui dit : Alors tu es roi? Jésus répondit : Tu le dis, je suis roi. Je ne suis né et ne suis venu dans le monde, que pour attester de la vérité. Quiconque est de la vérité, entend ma voix. Pilate lui dit: Qu’est-ce que la vérité? Et sur cette parole il ressortit…” Jean 18-37.