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La Nouvelle Terre

”Partout où brillent le soleil, la lune et la Loi, je suis chez moi.” Bouddha

“L’Occident a compensé par l’étude des sciences de l’Histoire, ce que le regard du cœur aurait acquis en rencontrant le sens de l’Histoire.”

Anyck de Souzenelle-Jean Mouttapa. La parole au cœur du corps. Chez Albin Michel. 1993.

Ces deux citations très différentes l’une de l’autre,  se complètent pourtant, par notre regard sur le monde actuel. D’un côté la transcendance face à l’impermanence de toutes choses, (Bouddha),  et d’un autre côté, une lumineuse vérité, qu’il nous faut entendre. (Le propos d’Anyck de Souzenelle). Bouddha parle de la Loi, et nous l’écoutons, nous voulons comprendre. Mais si nous qualifions cette Loi, par exemple, de Loi Universelle qui régit toute chose, ou encore si nous évoquons la Torah, Loi de création et d’organisation du monde, dont quelques rares Maîtres d’Israël perpétuent et décodent le secret à travers les tourments de leur histoire, alors les esprits se raidissent, et les coeurs se ferment. Pourquoi donc? La Loi n’est-elle pas Une et Universelle, quel que soit le nom qu’on lui donne?

C’est à ce point que les deux citations se complètent. Nous pouvons dire en effet que, “partout où nous avons le regard du coeur” (Anyck de Souzenelle), “nous sommes chez nous” (Bouddha)!

En fait c’est notre sens de l’écoute, de l’observation, du dialogue, de la réflexion, notre esprit de méditation et de prière, que nous devrions “réinitialiser”! La Tradition a été voilée et l’homme, déraciné de ses origines, cherche l’eau de l’esprit et la nourriture du coeur. Il a faim et soif de vérité, pour retrouver le discernement.

Apocalypse 22 : 17 : “Que celui qui a soif vienne et prenne de l’eau de la vie gratuitement”. Attestation de Jésus. 

Parmi les ouvrages que j’ai consulté en histoire, en philosophie, dans les sciences humaines au sens large du terme, j’ai retrouvé une revue publiée en 1953 par l’Association Le Droit Humain. Elle a pour titre “La crise morale et les aspirations des temps présents”. Les auteurs (anonymes), s’interrogent sur les crises morales dans l’histoire, la crise grecque, la crise romaine, la crise du XIVème siècle, la crise du Directoire, …et enfin la crise de leur époque en 1953. S’en suivent de longs développements, forts bien argumentés, à la recherche des causes. (Guerres, éducation, relation capital-travail, religions, rejet de l’Absolu, ancien ordre, mentalité nouvelle, scientisme etc).

Au fil de ces réflexions, il apparaitrait en fait, que l’histoire de l’humanité est une longue suite de crises, plus ou moins intenses, selon les époques!

Cette observation  fut peut-être une des raisons pour laquelle, Alfred de Vigny lança son cri de détresse, ou d’abnégation, ou encore d’initié accompli: “Gémir, pleurer, prier est également lâche, Fais énergiquement ta longue et lourde tâche, Dans la voie où le sort a voulu t’appeler, Puis après, comme moi, souffre et meurs sans parler.” Lorsque le poète évoque la lacheté de la prière, il s’agit de la prière pour soi, car prier doit toujours être en faveur d’autrui. 

Je voudrais également citer Monsieur Sébastien Charletty (Recteur de l’Académie de Paris de 1927 à 1937), qui reste d’une actualité déconcertante, si l’on peut dire : “Nous sommes une civilisation qui bafouille, nous nous sommes trompés en tout…et tout est à recommencer”  La Clef. Le Livre Sacré des Livres Sacrés, Tome I, page 22. Tchou Éditeur 1979. Martine et Henry Normand. Disciples du Vénérable Aryadéva.

Mais que s’est-il passé? Et que se passe-t-il? Selon la Genèse,  il est dit, pendant un temps, que l’homme et la femme étaient nus, et qu’ils n’en n’avaient pas honte, (Ils étaient UN en conscience, dans les plans du corps, de l’âme et de l’esprit, en union avec les plans de la création). Mais, après avoir connu la science du bien et mal (à savoir qu’ils avaient acquis le libre arbitre d’exercer le bien ou le mal), l’Éternel-Dieu fit pour l’homme et pour sa femme des tuniques de peau, et les en vêtit. De quoi s’agit-il? Simplement de l’entrée en densité de l’homme dans les couches du mental, que nous avons superposées, millénaires après millénaires.

“Connaissant désormais le bien et le mal, l’homme et la femme pourraient aussi cueillir le fruit de l’arbre de vie, le manger et vivre à jamais”, ce que le grand exégète Rachi (Salomon de Troyes) explique, en considérant que l’Homme pourrait ainsi étendre sa main sur toutes les créatures, qui diraient: “Lui aussi, il est dieu!” (Au sujet de la science du bien et du mal, revoir page 103 du E-Book La Voie du Trait, la strophe 3 de la Gatha Ahounavaïti XXX, de Zoroastre.)​

Ainsi l’homme fut chassé du fameux jardin d’Eden! Ce fut la première “grande crise” de l’humanité, me semble-t-il.

Nous avons alors commencé notre difficile pèlerinage terrestre de cycles en cycles, de générations en générations, de crises en crises. Plus nous avons progressé dans le temps, dans les Arts et dans les Sciences, plus nous avons cherché à compenser dans le monde d’en-Bas, ce que nous avions perdu dans le monde d’En-Haut. Nous nous sommes précipités dans l’illusoire perpétuité de la vie terrestre, par la succession des générations. Nous avons imaginé, que le progrès extraordinaire et indéniable, faut-il le rappeler, dans lequel nous avançons, nous affranchirait de toute dépendance céleste! D’ailleurs “le Ciel!”, qu’est-ce que c’est? Il n’y a rien là-haut! Non seulement nous avons tout oublié, mais “nos tuniques de peau”, étant devenues tellement lourdes, nous avons fini par nier la réalité céleste, et les lois (les différentes composantes de La LOI), qui gouvernent les plans de cette réalité céleste.

“L’homme est un dieu tombé, qui se souvient des Cieux.” Alphonse de Lamartine.

Pèlerins infatigables depuis des temps immémoriaux, (au Mont Saint Michel ci-dessus), nous cherchons à retrouver la sérénité initiale, cette pure fluidité de la vie, cette source de lumière d’où nous sommes issus, loin de la souffrance existentielle, qui nous accable.

21 “Puis je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre, car le premier ciel et la première terre avaient disparu et la mer n’existait plus. Je vis descendre du ciel, d’auprès de Dieu, la ville sainte, la nouvelle Jérusalem, préparée comme une mariée qui s’est faite belle pour son époux. J’entendis une voix forte venant du ciel qui disait: “Voici le tabernacle de Dieu parmi les hommes! Il habitera avec eux, ils seront son peuple et Dieu lui-même sera avec eux, [il sera leur Dieu]. Il essuiera toute larme de leurs yeux, la mort ne sera plus et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car ce qui existait avant a disparu.” Apocalypse de Jean.

La clef de cette espérance, n’est-ce pas l’enseignement messianique/christique réel, l’enseignement véritable de Jésus, qui nous libère du Karma, le nôtre, celui des nations, celui de l’humanité, à condition d’entrer avec le coeur dans la Voie qu’Il nous a tracée, au-là des religions, en référence au chapitre VI page 85 de La Voie du Trait.

C’est en fait la Voie Royale de tous les réalisés, unis dans la Tradition Universelle de la Loi, quel que fut leur pays, leur langage, leur appartenance spirituelle. 

La nouvelle terre est en gestation dans le coeur de chaque homme. Mais nous avons besoin d’un catalyseur oecuménique authentique, pour faire jaillir les myriades de lumières, que nous sommes.

C’est par l’adhésion en conscience de chacun, que le collectif pourra se régénérer, et non point par la collectivisation qui uniformise et détruit les esprits. 

Pierre 3:13.  “Mais nous attendons, selon sa promesse, de nouveaux cieux et une nouvelle terre, où la justice habitera.”

Puisse la souffrance de tous les opprimés de ce monde, disparaître, quelle que soit la circonstance de leur drame. Puissions-nous être unis pour aider notre prochain, selon ce qu’il attend de nous, selon ses besoins.

Comme ce bref message fut introduit par la Loi, exprimé par Bouddha, il me semble évident de terminer toujours et encore par cette Loi, qui nous est tellement devenue étrangère, et qui pourtant gouverne chaque seconde de notre existence!

“17 Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir.

18 Car, je vous le dis en vérité, tant que le ciel et la terre ne passeront point, il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre, jusqu’à ce que tout soit arrivé.” Matthieu 5: 17-18

La compassion n’est pas une faiblesse, elle est la force d’âme de celui qui se connaît.