Évangile de Saint Matthieu 16-26
Quelle interpellation ô combien prophétique, pour les temps que nous vivons!
Sommes-nous impuissants face au déferlement de tragédies, d’abominations de toutes sortes, qui se sont abattues sur les peuples, dans l’histoire de l’humanité, et qui continuent de se répandre à la face du monde?
Est-ce le prix à payer pour un certain progrès scientifique? Naturellement non, puisque c’est bien nous, qui décidons de l’usage de nos découvertes!
Accuser, condamner, juger, tenir un propos moralisateur, ne nous appartient plus. Au contraire, nous avons le devoir par notre action, de chercher avec abnégation, confiance et foi absolues, les petites lumières dont on ne parle jamais, qui surgissent partout, et d’y joindre nos cœurs, pour appeler de nos voeux Celui, qui s’annonce comme “…l’Étoile brillante du matin.” Apocalypse 22:16.
Pour définir clairement l’état d’âme, dont je voudrais vous faire part aujourd’hui, je vous invite à méditer sur cette réfexion de Nicolas Berdiaeff (1874-1948), tirée de son ouvrage: De l’Esclavage et de la liberté de l’homme:
“La mort d’un seul homme, du dernier des hommes, est un événement plus important et plus tragique que la mort d’un État ou d’un Empire. Il est peu probable que Dieu s’aperçoive de la mort des plus grands royaumes, mais la mort d’un homme ne lui échappe pas”.
Nous avons dissocié l’Esprit et la Lettre de la Loi Universelle, nous avons séparé le Trait et le Nombre, nous avons opposé esprit et matière, pour finalement rejeter l’Esprit dans la nuit de notre ignorance volontaire, et nous projetons une civilisation mécanique, technologique, glaciale, qui nous enferme dans notre âme animale.
Cette civilisation arbitre tout, entre ce qu’elle appelle le bien et le mal. Elle finit par éradiquer notre capacité de discernement, transformant l’homme ainsi libéré de toute conscience, en individu taillable et corvéable à merci, selon les intérêts du moment.
La Loi Universelle explique qu’il existe en l’homme deux esprits, l’un bon, l’autre contraire, ainsi que l’enseignait Zarathoustra. Personne ne peut échapper à cette réalité.
Les textes des Évangiles, les enseignements traditionnels de toutes les cultures, reposent sur ce fondement, à partir duquel, l’homme doit conduire sa vie terrestre!
Ce n’est pas parce que l’injustice domine, qu’il faut oublier la justice, ce n’est pas parce que la méchanceté s’abat sur le monde, que la bonté et la compassion n’existent pas. Ce n’est pas parce que la haine et la peur flottent au-dessus du monde, que l’Amour a disparu.
Ce n’est pas non plus, parce que des crimes furent commis au nom du Ciel, qu’il faut piétiner sa Loi et ses Enseignements.
Les prophètes et les saints(tes) martyres dans toutes les civilisations, furent immolés au nom de cette évidence, hélas trop souvente rejetée.
L’intelligence artificielle ne contrôlera pas l’âme humaine, et n’atteindra jamais la lumière subtile de son origine.
Les deux esprits qui règnent en l’homme, représentent d’un côté l’animalité, et de l’autre la sainte présence de l’âme individualisée (mais non individuelle!), porteuse de la conscience divine, qu’elle a reçue.
Ainsi, la vie pour chacun de nous, consiste entre autre, à chercher la voie permettant d’agir si possible avec sagesse et dignité, face à la confrontation permanente entre ces deux esprits, qui nous habitent.
La Tradition de tous les peuples, annonce un libérateur, qui délivrera l’humanité, et lui permettra de retrouver la transcendance de son destin. (Fin de l’obscurantisme).
Des milliers d’ouvrages ont été écrits sur Jésus Christ. Ce que disent ces ouvrages engage seulement ceux qui les ont écrits. En effet, seule l’âme présente en chacun de nous, connaît la vérité, qui lui est destinée. Elle est le canal de la causalité personelle, puis collective, de notre existence terrestre.
Mythes pour les uns, traditions pour d’autres, mais dont l’esprit a été abandonné, au profit de la lettre, qui transforme les mystères en légendes pour impressioner les foules, et justifier un pouvoir ou une autorité sur le monde.
De nombreux auteurs affirment, que l’histoire de Jésus, n’est que la suite d’une tradtion païenne. Cette tradition enseigne sous forme de mythes selon les pays, qu’un personnage viendra au secours de l’humanité pour la sauver et la régénérer.
Voici quelques noms attribuées à ce personnage mythique, légendaire, ou même symbolique, selon leur origine:
Adad (Assyrie); Adonis, Apollon, Dionysos-Bacchus, et surtout Orphée (Grèce); Osiris, Sérapis, Horus (Égypte); Alcides (Thèbes); Attis (Phrygie); Baal (Phénicie); Crité (Chaldée); Bali (Afghanistan); Deva Tat (Siam) ; Hésus ou Ésus (Celtes et Druides antiques); Indra (Tibet, Népal); Krishna (Inde); Le Mikado (shintoïsme); Odin (Scandinavie); Prométhée (Caucase); Quetzalcoatl (Mexique);Tammuz (Syrie); Thor (Gaules); Le Monarque universel des Sibylles; Xamolxis (Thrace); Zoar (Bonzes orientaux).
Ces récits et personnages légendaires ont fait dire à Saint Augustin: « Le christianisme existait déjà avant la venue du Sauveur ».
Au-delà de ces représentations , les témoignages des prophètes de la Bible (entre autre Esaïe, Zacharie, Michée, plusieurs psaumes de David), annoncent clairement la venue d’un sauveur, non seulement pour Israël, mais pour le monde!
Voir Genèse 49:10, Esaïe 9:6, 7:14, 53:5-6, Michée 5:1, Psaume 2:7, Daniel 9:25-26, Psaume 22 14-17, Psaume 16:10, toutes ces références proviennent de la petite Communauté Juive Messianique (dont on parle très peu!), et qui reconnaît Jésus comme Messie d’Israël!
Mais il est un autre personnage (trop oublié, ou même trahi, selon Paul Du Breuil), de l’histoire spirituelle de la Perse antique, qui fut le véritable précurseur de l’avènement de Jésus, 7 siècles avant sa naissance. Il s’agit de Zarathoustra, annonciateur d’un Sauveur (le Saoshyant), porteur d’un Royaume de justice, et venant reconstruire le monde.
L’histoire tend à montrer qu’il y eut deux Zarathoustra, l’un vers 3250 avant J.C, et le second vers 650 Avant J.C. Les ouvrages de Paul du Breuil, Geo Widengren, ou encore Jean Varenne, constituent une source inépuisable sur le zoroastrime et son influence décisive sur le monothéisme de la Perse antique.
Jésus de Nazareth, synthétise dans notre monde (…et le Verbe s’est fait chair), toutes les légendes, les mythes, par la transcendance des mondes supérieurs, qui se sont ouverts par sa Sainte Présence, afin de réparer et reconstruire le monde, établir “la Jérusalem Céleste sur terre”, Réalité divine devant laquelle, les Mages venus de Perse (et pour cause), vinrent s’incliner!
Chacun peut pratiquer toutes les exégèses possibles, pour extrapoler des conclusions sans fin. C’est une des conséquences de la séparation de l’esprit et de la lettre, (citée précédemment).
Mais celui qui dans son âme a réuni l’esprit et la lettre, peut connaître toute réponse sur toute chose, que la méditation et la prière lui accorderont, quelles que soient les circonstances!
C’est ainsi que nous reconnaissons les propos de ceux, qui sont inspirés par l’esprit, tel Niclas Berdaieff (déjà cité) lorsqu’il nous dit: “La transfiguration du monde, le nouveau ciel et la nouvelle terre, seront sans doute le changement le plus profond, un changement radical.” (Cinq méditations sur l’existence. Aubier Montaigne 1936 page 156).
Lorsque le Moyen-Âge flamboyant des églises romanes resplendit dans toute l’Europe depuis la France, le monde de l’époque fut ébranlé par l’effroyable épisode des croisades, dont nous subissons encore aujourd’hui les conséquences.
Imaginons ce que serait le monde, si Juifs, Chrétiens et Musulmans, avaient accepté de cohabiter, de coopérer dans l’organisation d’une paix, nourrie d’échanges spirituels, philosophiques, scientifiques, technologiques, commerciaux, au sein duquel chacun respectant ce qu’il est, se serait épanoui et enrichi de la vraie différence de l’autre! Au lieu de cela des hordes de femmes (car il y avait des femmes!), et d’hommes, suivis par la jeunesse de l’Europe, s’engagèrent sur les routes de la barbarie jusqu’à Jérusalem, pour sombrer dans d’immondes massacres, répondant à d’autres massacres, conformément à notre histoire d’humanité!
N’eut-il pas été plus utile à la chrétienté de vivre les Évangiles selon Jésus Christ, plutôt que de nourrir des guerres terrestres, en croyant servir le Ciel? Question que pose Fernand Pignatel dans l’ouvrage collectif :“Vézelay et Saint Bernard”, dirigé par Jacques d’Arès.
Toutes les religions qui se sont assimilées à la politique sont tombées. Toutes les politiques dont la seule religion fut la laïcité avec pour but l’anticléricalisme, sont tombées.
La loi de la cité des hommes s’adresse à notre intelligence pour créer le respect et la convivialité, la Loi de la cité de Dieu s’adresse à notre esprit, pour orienter nos vies vers la bonté, la justice et la vérité.
Si nous comprenons bien l’esprit de chacune de ces deux lois, nous serons prêts à accueillir la Jérusalem céleste. Mais le chemin est encore bien long! C’est pourquoi Joseph de Maistre affirmait: “La guerre est le salaire à nos désobéissances à la Loi divine.”
Nous voici en cette fête de Pâques 2024, face à l’horloge cosmique poursuivant sa course inexorable. Évitons de confondre la vie éternelle par le jeu des réincarnations, face à l’éternité sans commencement ni fin de la vie, qui nous a été accordée par notre Notre Père. Écoutons la parole, que le Christ Jésus nous enseigne, depuis son Royaume, par laquelle nous recevons notre Souffle!
“Si l’on se soumet à Dieu, Dieu prendra soin du destin!” Ramana Maharshi.